La découverte d'un métier méconnu : l'avoué

13 juin 2025

Parmi les découvertes les plus étonnantes que l’on peut faire en généalogie figurent ces métiers disparus ou méconnus, qui racontent une autre histoire de nos ancêtres : celle de leur quotidien, de leurs compétences, de leur place dans la société. Certains métiers laissent des traces précieuses dans les archives administratives, permettant de retracer un parcours professionnel avec une grande richesse de détails. C'est le cas du métier d'avoué que j'ai eu l'occasion de découvrir en m'intéressant à un individu du XIXème siècle. 

Un métier au cœur du système judiciaire

L’avoué est un officier ministériel qui occupait une fonction essentielle dans le fonctionnement de la justice. Il détenait le monopole de la représentation des parties devant certains tribunaux, notamment les Tribunaux de Grande Instance. Chargé d'accomplir tous les actes de procédure nécessaires à un procès, l’avoué jouait un rôle d’intermédiaire incontournable entre les justiciables et la justice.

Ce métier, aujourd’hui disparu depuis la réforme de 2012 qui a fusionné les professions d’avoué et d’avocat, impliquait une grande rigueur, une connaissance approfondie du droit, ainsi qu’un sens aigu de la responsabilité.

Un parcours professionnel documenté dans les archives

C’est à travers un dossier de carrière conservé dans les archives administratives que j'ai pu retracer la trajectoire d’un homme ayant exercé cette profession au milieu du XIXe siècle. Après avoir obtenu sa licence en droit à Paris en 1838, il entame un long stage de neuf ans auprès de plusieurs avoués, à Brive puis à Paris, comme cela était requis pour pouvoir prétendre à un office.

En 1840, une opportunité se présente : un avoué en poste démissionne et recommande ce jeune homme sérieux et compétent comme successeur. Il rachète alors l’office pour une somme conséquente — 57 000 francs, dont une partie importante est versée immédiatement. Un rapport élogieux du procureur du roi appuie sa nomination, saluant sa rigueur, sa moralité et ses compétences juridiques. Il est officiellement nommé peu après, à l’âge de 26 ans.

Une ascension sociale consolidée par la profession

Ce changement professionnel entraîne un déménagement : d’abord depuis la province vers la capitale pour ses études, puis une installation définitive à Reims où il exercera son métier pendant près de trois décennies. En 1868, il transmet l’office à son fils, perpétuant ainsi une tradition familiale dans la profession.

Grâce à ce métier, il acquiert une position sociale stable et respectée, qui lui ouvre plus tard les portes d’un engagement politique local. Ce parcours exemplaire témoigne de l’impact qu’une carrière juridique pouvait avoir sur l’ascension sociale au XIXème siècle.

Généalogie et métiers : une richesse insoupçonnée

Cet exemple illustre à quel point les métiers peuvent enrichir la recherche généalogique. Certains, comme celui d’avoué, laissent des empreintes administratives précises : diplômes, stages, lettres de recommandation, actes de nomination ou encore transactions d’office. Autant de documents qui donnent chair aux ancêtres, bien au-delà des simples registres de l’état civil.

Explorer les carrières professionnelles permet non seulement de mieux comprendre le contexte dans lequel nos aïeux ont évolué, mais aussi de mettre en lumière des pans méconnus de l’histoire sociale et judiciaire. La généalogie devient alors une véritable enquête historique, où chaque piste ouvre un nouveau champ de découvertes.